lundi, avril 06, 2009

Be a pony, be a nantie

Être un poney, c’est d’abord se renouveler perpétuellement, être à l’affut de la moindre nouvelle tendance, avancer plus vite que la musique, être en avance sur son temps, toujours plus underground que l’underground, en permanence à contre-courant.

L’ami Ketch par exemple qui « par les temps qui courent » et la «morosité ambiante » (citations tirées des JT de 20h de TF1, France 2, France 3, Canal +, M6 des vingt dernières semaines) se permet d’aller à l’encontre de l’opinion publique et du bon sentiment français, victime des délocalisations, de la désindustrialisation, victime du capitalisme, camarades tous ensembles contre le patronat! Et pendant que l’ouvrier démuni réclame à corps et à cris le retour de Staline, l’ami Ketch a fait une chose, et non des moindres : il a trouvé du boulot. Il se contrefout du qu’en dira-t-on, il trime pour gagner du fric qu’il va claquer sans vergogne dans des gadgets fabriqués par des enfants chinois diabétiques : c’est un rebelle, un vrai.

Pour ma part je ne saurais être aussi radicale que lui. Je ne peux me résoudre à demander à mes employeurs de me déclarer, au risque de devoir payer des impôts pour financer ces cons de chômeurs, ces cons d’étudiants, ces cons de vieux, ces cons de fonctionnaires, ces connes de notes de frais de l’Elysée.
Ma prise de partie se matérialise donc en ce moment par un embourgeoisement notoire de ma petite personne et de mes habitudes de vie. L’heure étant à la glorification du délégué syndical, j’ai décidé de me positionner en porte-à-faux vis-à-vis de l’opinion publique et de revendiquer mon statut de nantie.
Car non, moi je n’appelle pas ma banquière pour lui demander un découvert par dépit mais par choix : je dois claquer du fric ! Non, je ne m’achète pas une nouvelle paire de Doc Martens à 109€ parce que les anciennes ont tellement vécues qu’elles sont trouées, non j’achète pour étaler ma fortune. Non, je ne vais pas la pharmacie en priant pour que mes médicaments soient remboursés par la sécu, car si tel n’est pas le cas, aux chiottes la santé c’est tellement has-been, je préfère m’acheter des clopes !
Et si ma patronne me demande d’arriver une heure plus tôt au boulot je l’envoie paitre, il fait 21°, fait donc garder ton morpion par ta belle-doche moi j’ai un bronzage à entretenir. Je n'ai donc, pour résumer la situation de façon la plus exhaustive possible, strictement rien branlé de la journée, perdu quelques sous sur mon salaire et passé mon après-midi en tête-à-tête avec le soleil.
Soyons tendance mes enfants, choisissons l’oisiveté et la bourgeoisie sans le pognon, c’est tellement plus classe.




ps: la citation pertinente du jour, qui sort du livre que j'ai bouquiné au soleil aujourd'hui:
"Mais je travaille. Je me lève le matin comme tout le monde, et puis je m'applique à essayer de vivre encore toute une journée. C'est un travail à temps plein. Pas de pauses café, pas de week-ends, pas de bonus ni de congés. Je ne me plains pas, remarquez, mais le salaire est plutôt bas."
Paul Auster, Moon Palace.

4 commentaires:

ketch a dit…

C'est beau putin <3

ketch a dit…

Putin comment tu déchire lol

Truk a dit…

Vachement riche la cogite ;)

Mademoiselle Manue a dit…

Je salue la réflexion et admire.