vendredi, mars 06, 2009

Philosophie et ragondins, un titre qui n'a aucun rapport mais que je trouve chouette.

« Pourquoi la vie c’est pas un film ? », me demandait naïvement l’ami Ketch, transi d’admiration devant un film (dont nous tairons le nom afin de garantir l’intégrité morale de mon confrère équidé). Il soulevait ainsi une grande question : pourquoi tant d’injustice, pourquoi l’absence de superpouvoirs ?
Dans ma grande mansuétude, en tant que sage toujours à l’écoute de la détresse des siens, je décidai, comme à l’accoutumée, de ne pas répondre. Effectivement lorsque l’un de mes disciples fait appel à mon érudition transcendantale, j’évite notamment de le décevoir avec une réponse laborieuse portant sur un éloge du temps, de l’Homme, de l’Homme dans le temps, du temps dans l’Homme. D’une part parce que ça a déjà été fait. Par des gens beaucoup plus efficaces que moi en ce qui concerne le pompeux. Et puis j’ai pas que ça à faire d’expliquer Bergson à des ploucs, vous aviez qu’à écouter votre prof de philo au lycée, ils étaient payés eux.

Cher lecteur, j’en viens à te donner un conseil existentiel qui pourra te sauver la vie en bien des situations : à un candide « pourquoi ? », au lieu de répondre un brutal « parce que », à la suite duquel tu tenteras de te faire croire à toi-même que ta propre pensée t’est intelligible, réponds donc un « oui mais non ». Une expression fort efficace ma foi, qui par son vide total de sens, t’offre l’opportunité d’un effet d’annonce aux espérances illimités ; cela te laissera le loisir de répondre parfaitement à côté de la plaque, et ce, en toute légitimité.

Explicitons mon propos grâce à un exemple introduit en introduction : reprenons notre cher Ketch là où nous l’avions laissé :
« - Dis moi Tatie souen souen, pourquoi la vie c’est pas un film ?
- Ouais mais non. »
Et voilà, libre à moi de divaguer sur le sujet lancé par cette âme innocente. Je vais maintenant vous retranscrire mon propos, que je reformulerai à l’intention du commun des mortels, le discours équidé n’étant accessible qu’à quelques élus.
- Ouais mais non (nous en étions là). Enfin si tu veux. Imaginons donc que la vie de chacun soit calquée sur la trame d’un film. Alors ta voisine d’en dessous qui simule un peu trop fort aurait une existence semblable à la carrière de Clara Morgane? Moui pourquoi pas.
Puis le connard en Cadillac que tu vois passer chaque matin lorsque tu grimpes dans un bus qui sent les pieds et dont le chauffeur écoute Nostalgie, lui, il hériterait d’un film à la James Bond : une vie exclusivement faite de péripéties, une voiture sans rayure, et même une fille à la fin.
Nous pourrions multiplier les exemples presque à l’infini. Mais restons rationnels deux minutes en injectant un peu de vie réelle dans ce monde imaginaire : tu crois franchement qu’avec ton ventre refusant de maintenir son expansion à la taille de ton jean préféré, ton aisselle malodorante et mal épilée pour madame, ton conjoint dépressif et amorphe, tu hériterais d’autre chose qu’un film d’art et d’essais suédois de quatre heures en plan fixe ? Sois lucide mon enfant, ta vie de merde te poursuivra où que tu ailles.

Imaginons autre chose : si non plus la vie de chacun, mais le Monde avec un grand M n’était qu’un gigantesque film dont le directeur de casting ne serait qu’un vieux barbu au sens de l’humour douteux, plus connu sous le sobriquet de Dieu. Dans la logique qui précède, les autres passeraient leur temps à se courir après, fusil d’assaut au poing, dénouant des intrigues terribles et portant secours à la veuve et à son orphelin. Mais toi dans l’histoire hein ? Tu crois honnêtement que tu serais autre chose que l’abruti d’épicier qui est toujours au milieu d’une course poursuite avec son étal de pommes ?
Bah non baby. Heureusement, ça pourrait être pire, tu pourrais être épicier dans un film suédois. Tu vois, tout n’est pas si moche.

1 commentaire:

ketch a dit…

Roooo putin qu'est ce que j'ai ri :)